Un an après l’annonce de leur alliance stratégique, Volkswagen et Rivian franchissent une nouvelle étape dans leur coopération technologique. Début juin 2025, les deux groupes ont confirmé que tous les futurs véhicules électriques du groupe Volkswagen reposeront sur la plateforme R2 de Rivian. Ce choix marque un tournant dans la stratégie industrielle du constructeur allemand, qui entend rationaliser ses développements techniques autour d’une base commune conçue par la start-up californienne. Cette décision vient concrétiser l’accord signé en juin 2024, prévoyant la création d’une coentreprise et un investissement pouvant atteindre 5 milliards d’euros de la part de Volkswagen dans l’écosystème Rivian.
La plateforme R2 a été conçue pour offrir une grande modularité, permettant de servir de base à plusieurs silhouettes et formats de véhicules. Les constructeurs du groupe Volkswagen, dont Audi, Škoda et Cupra, conserveront leur liberté stylistique : carrosseries, optiques, proportions et signatures visuelles pourront différer malgré la base technique partagée. La plateforme est compatible avec les codes esthétiques des segments A à D, ce qui permettra une large diversification des carrosseries, de la citadine compacte à un SUV familial.
Sur le plan de l’habitacle, la R2 repose sur une architecture zonale qui réduit considérablement le câblage et centralise les fonctions électroniques. Cette configuration permettra aux différentes marques de proposer des intérieurs distincts, avec des interfaces personnalisées selon leur positionnement. Chaque constructeur pourra ainsi développer ses propres systèmes d’infodivertissement et proposer une ambiance intérieure en accord avec son ADN, tout en bénéficiant d’une base électronique commune optimisée.
L’un des atouts majeurs de la R2 est sa capacité à intégrer une architecture logicielle unifiée, développée en interne par Rivian, en rupture avec les difficultés rencontrées par Volkswagen avec son entité CARIAD. La plateforme permet une gestion centralisée des mises à jour OTA, des fonctions d’assistance à la conduite, ainsi qu’une connectivité cloud évolutive. Le logiciel est conçu comme une base adaptable aux différentes marques du groupe, facilitant les cycles de développement tout en maintenant une identité propre pour chaque véhicule.
La R2 peut accueillir différentes configurations de motorisation, allant d’un moteur unique sur l’essieu arrière jusqu’à une configuration bimoteur ou trimoteur pour des versions à hautes performances. Les futurs modèles Volkswagen pourront ainsi couvrir une large palette de puissances, avec un couple vectorisé possible et une gestion dynamique optimisée par le logiciel embarqué. Cette flexibilité répond aussi bien aux besoins d’un modèle urbain qu’à ceux d’un SUV de loisirs à transmission intégrale.
Les véhicules développés sur la plateforme R2 utiliseront des batteries à cellules cylindriques de type 4695, pour 46 mm de diamètre pour 95 mm de haut, fournies par LG Energy Solution. Ces cellules de nouvelle génération offrent une densité énergétique accrue et une meilleure capacité de refroidissement. Elles ne sont pas sans rappeler les 4680 de Tesla que l’on retrouve dans le Cybertruck.
Selon les versions, l’autonomie pourrait dépasser les 480 kilomètres. Côté recharge, la plateforme est compatible avec la recharge AC jusqu’à 11 kW (courant alternatif triphasé), et avec la recharge rapide en DC à plus de 200 kW, via des bornes compatibles avec le standard NACS (en Amérique du Nord) ou CCS2 (en Europe). La courbe de recharge a été optimisée pour permettre une montée rapide jusqu’à 80 %, réduisant les temps d’arrêt.
Le premier modèle Volkswagen basé sur la plateforme R2 devrait être l’ID.1, une citadine électrique positionnée en dessous de l’ID.3, avec un lancement prévu d’ici 2027. Ce modèle vise un tarif d’entrée avoisinant les 20 000 euros, un objectif stratégique pour le constructeur dans le segment des VE abordables. Côté Rivian, la commercialisation du SUV R2, premier véhicule de la marque basé sur cette architecture, est attendue pour début 2026, à un tarif estimé autour de 45 000 dollars sur le marché nord-américain.
Avec cette annonce, Volkswagen clarifie sa stratégie industrielle pour les années à venir : unifier sa gamme électrique autour d’une plateforme externe jugée plus avancée et plus fiable que ses propres développements internes. Ce mouvement conforte Rivian dans son rôle croissant de fournisseur technologique, bien au-delà de son image de jeune constructeur de SUV électriques. Cette collaboration entre un groupe centenaire et une start-up californienne symbolise une nouvelle phase de maturité pour l’industrie du véhicule électrique, où la maîtrise logicielle devient aussi importante que le savoir-faire industriel.
En savoir plus sur La Pause Garage
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
