La voiture électrique, est-ce vraiment moins cher ?
Pour le savoir, j’ai décidé de comparer deux voitures assez proches dans l’usage mais également si différentes d’un point du vue technologique, je veux bien sûr parler d’une voiture électrique et d’une voiture thermique. Laquelle sera la moins chère au cours de toute sa vie, c’est toute la question du jour.
Vous vous doutez bien que cet article va tenter d’être le plus complet et précis possible, c’est pourquoi il risque d’être un peu long. Pour ceux qui ne cherchent qu’une conclusion sans comprendre l’origine de celle-ci, je vous invite à immédiatement passer à la fin de l’article. Pour les autres, que le développement intéresse tout autant que le résultat, installez-vous bien, prenez un bon verre de whisky, une grande inspiration et plongez avec moi dans l’univers de l’achat automobile réfléchi.
Sommaire
- Introduction
- La contestation
- Le coût d’achat
- Le coût des entretiens
- Les taxes
- Les réductions d’impôts
- Le coût de l’énergie et du carburant
- Les pneus
- Le prix de revente
- Le verdict final
- Tableau récapitulatif
Introduction
Est-ce qu’une voiture électrique coûte plus chère qu’une voiture thermique équivalente ? Nous avions déjà fait une comparaison après 5 000 km d’utilisation de ma petite BMW i3 avec une voiture essence, mais le jeu auquel je m’adonne aujourd’hui pour vous, est un peu différent. Je vous propose de comparer non pas uniquement les frais d’utilisation mais le coût global, allant de l’achat à la revente des véhicules 4 ans plus tard. Pour ce faire, j’ai jeté dans l’arène une BMW i3 100% électrique de base et une BMW Série 1 de base équipée du moteur 20i et de la boite automatique (car celle-ci est de série sur l’i3). Deux mondes s’affrontent sous vos yeux dans un combat comptable sans pitié.
La contestation
J’entends déjà des hordes de passionnés automobile hurler que ce ne sont pas deux voitures comparables, que l’une a un coffre beaucoup plus grand et permet de faire beaucoup plus de kilomètres avec un seul plein. C’est vrai, mais n’oubliez pas que chacune apporte ses qualités et ses défauts. L’i3 n’est pas une voiture qui transportera un meuble Ikea dans son coffre, c’est certain, mais elle offre un habitacle plus spacieux que sa concurrente. La série 1 permet de faire de plus longs trajets sans s’arrêter, mais l’i3 les parcours avec plus de sérénité et peut même faire le plein gratuitement dans certains magasins ou restaurants.
Il est difficile de comparer deux technologies aussi différentes, dont l’une à plus de 100 ans de recherche et développement et l’autre à peine quelques années d’existence en production de masse. C’est la raison pour laquelle j’ai choisi ici deux voitures de la même marque conçues entièrement autour de leur technologie respective et ayant un gabarit assez proche. Une fois arrivé à la conclusion de cet article, il vous appartiendra de choisir si la différence de prix entre les deux voitures compense, ou pas, les inconvénients qu’apporte la première par rapport à sa concurrente. Alors si tout le monde est d’accord, je propose de plonger immédiatement dans l’enfer des frais automobiles.
Le coût d’achat
Commençons par la base de l’utilisation d’une voiture privée, j’ai nommé « l’achat ». Dans l’exercice du jour, nous ne prendrons pas en compte les leasings et les locations à court terme, le but étant de comparer l’acquisition de deux voitures d’une technologie différente par un particulier. A l’achat donc, une voiture électrique coûte en moyenne 53% de plus qu’une voiture conventionnelle à essence (dans la même marque, à moteur équivalent et sans option). Voici un petit échantillon de voitures électriques avec leur correspondance thermique :
- la BMW i3 (38 100 euro) est 27% plus chère la BMW 120i (30 100 euro)
- la Renault ZOE (22 250 euro) est 60% plus chère la Renault Clio (13 925 euro)
- la Hyundai ioniq (35 699 euro) est 83% plus chère la Hyundai i30 (19 499 euro)
- la VW e-Golf (38 450 euro) est 43% plus chère la VW Golf (26 850 euro)
Dans le cas qui nous intéresse aujourd’hui, passer à l’électrique coûte donc 27% de plus, ce qui reste encore raisonnable pour une technologie aussi récente et dont les coûts de recherche et développement sont encore loin d’être amortis.
—> Victoire 120i pour le prix d’achat
Ok mais attendez un instant ! Et le diesel ?
Je n’ai pas pris en compte les véhicules diesel dans ce comparatif. Une voiture électrique comme l’i3 étant destinée principalement à la ville et aux nationales entre celles-ci, je me suis concentré sur les voitures essence plus adaptées à cet exercice. De plus, le diesel est en phase de devenir le vilain petit canard européen (à tort ou à raison c’est un autre débat) que les gouvernements essayent de chasser des centres-villes. Les ventes de voitures neuves ont d’ailleurs commencé à pâtir de cette diabolisation.
Le coût des entretiens
Sur une voiture électrique, les entretiens sont peu fréquents et bon marchés. Effectivement, il n’y a pas de filtre à carburant à changer, pas d’huile à vidanger, ni de contrôle du filtre à particules à réaliser. Une voiture électrique a juste besoin d’un contrôle général et d’une vérification de son système de freinage (liquide, disques et plaquettes) tous les deux ans. C’est tout. Pour l’i3, cette intervention est facturée 250 euro.
Pour la Série 1, on compte un entretien tous les 24 mois ou tous les 30 000 km. Ce sera donc une fois par an dans le cas présent, pour un montant moyen de 375 euro (300 euro le petit entretien et 450 euro le gros).
Une chose qui n’est pas comprise dans les entretiens et qui coûte souvent assez cher, c’est le changement des disques et des plaquettes de frein. Sur la BMW i3, on ne freine presque jamais, le frein « moteur » qui génère de l’électricité pour la batterie est tellement puissant que cela est presque inutile d’utiliser la pédale de gauche. On ne les changera donc pas pendant les 4 années d’utilisation de la voiture (120 000 km), contrairement aux plaquettes de la série 1 qui après 80 000 km seront bonnes pour un échange standard à l’atelier. Les plaquettes de la série 1 sont facturées 540€ par le garage, main d’œuvre comprise. Je ne compte pas les disques car ceux-ci peuvent tenir plus longtemps si vous changez vos plaquettes à temps et que vous évitez les sorties sur circuit.
—> Victoire i3 avec 500€ contre 2040€
Les taxes
En Belgique, et surtout en Wallonie, il n’y a pas d’aide à l’achat d’une voiture électrique pour le particulier, celui-ci doit se contenter d’une taxation réduite pour la mise en circulation de son véhicule. Cette taxe, qui autorise un véhicule à être immatriculé, est à payer une seule fois par propriétaire quelques semaines après l’achat de la voiture :
- BMW i3 : 123 euro
- BMW 120i : 2 478 euro
Ensuite, il y a la taxe de circulation qui vous autorise à utiliser les magnifiques routes belges au revêtement torturé par les bombardements. Celle-ci est à payer chaque année :
- BMW i3 : 76,96 euro
- BMW 120i : 413,95 euro
Pour finir, il y a la taxe CO2, sortie en 2010. C’est une sorte de deuxième taxe de mise en circulation mais cette fois axée sur le rejet en CO2 de la voiture et non plus sur sa puissance ou sa cylindrée. Si la voiture pollue peu, cette taxe est nulle, par contre si vous rejeté autant de CO2 qu’un super-tanker, la taxe peut s’élever jusqu’à 2 500 euro. Celle-ci est à payer en même temps que la taxe de mise en circulation, et ne se paye qu’une seule fois par propriétaire :
- BMW i3 : 0 euro
- BMW 120i : 0 euro
—> Victoire i3 pour les taxes
Les réductions d’impôts
La région wallonne n’offre aucune réduction d’impôt ni même de prime à l’achat d’une voiture propre pour les particuliers. Cependant, pour suivre les directives européennes et inciter les belges à acquérir un véhicule écologique, ils ont ajouté une taxe sur les voitures trop polluantes qui n’est autre que la fameuse taxe CO2 que je viens de vous présenter.
—> Exæquo
Le coût de l’énergie et du carburant
BMW communique sur la consommation officielle de ces véhicules, cependant il est notoire que ces relevés sont bien souvent sous-estimés, c’est pourquoi j’ai ajouté 10% de consommation à chacune de ces deux voitures. Après calcul, la BMW 120i consomme en moyenne 6 l/100 km, tandis que la BMW i3, elle, consomme 14,4 kWh/100 km.
Avec un prix du litre d’essence SP95-E10 de 1,4000 euro (30/08/2017) et un prix du kWh de 0,2170 euro (08/2017), cela nous donne un coût au 100 km de :
- 8,40 euro pour la BMW 120i
- 3,12 euro pour la BMW i3.
Remarque : Si vous chargez votre voiture la nuit et que vous êtes équipé d’un compteur bi-horaire, vous réduisez encore ce coût, avec seulement 2,38 euro pour parcourir 100 km.
—> Victoire i3 sans grande surprise dans cette section
Les pneus
J’ai choisi les prix publics de pneus recommandés par BMW, les pneus étoilés. Je sais que certains trouveront la sélection de pneus mauvaise, mais j’ai surtout choisi ceux-ci pour leur rapport qualité prix. Sur la BMW 120i, j’ai sélectionné les Pirelli Cintura P1 pour l’été et les Goodyear Ultragrip 8 pour l’hiver. 105,95 euro pièce les premiers et 120,92 euro pièce les seconds. Sur la BMW i3, j’ai opté (ou pas) les Bridgestone Ecopia EP500 à 129,64 euro pièce pour l’été et les Nokian WR D4 à 124,03 euro pièce pour l’hiver. Soit un supplément sur la facture d’achat pour 4 pneus pour l’hiver et 4 pneus pour l’été de :
- 907,48 euro pour la 120i
- 1 014,68 euro pour l’i3
Avec ces 8 pneus, plus ceux d’origine, il est possible en roulant gentiment, de passer les 4 années d’utilisation de la voiture sans en acheter d’autres. Il faudra juste être prudent le 4ième hiver, car les pneus adaptés à cette saison seront presque en fin de vie.
—> Victoire 120i pour les pneus, la taille spécifique de ceux de la BMW i3 lui ont été fatale
Le prix de revente
Après 4 ans et 120 000 km, la série 1 est évaluée à 12 000 euro (moyenne sur base des occasions disponibles au moment de rédiger cet article). Suivant la même méthode de cotation, une BMW i3 d’occasion est vendable à 15 000 euro. Seulement, comme la technologie électrique vieillira plus vite que celle bien connue du moteur à combustion, je retire arbitrairement 30% du prix de revente de l’i3. C’est donc une valeur de 10 500€ pour cette petite électrique de 120 000 km.
—> Victoire 120i qui, avec sa technologie aboutie et un vieillissement mieux contrôlé, se revendra plus chère.
Et les autres frais ?
Il y a effectivement plein d’autres frais, comme par exemple ceux de lavage, de garage, de changement de pneus, etc. Cependant, ces frais sont complètement indépendants de la technologie qu’utilise la voiture. Ils sont d’ailleurs identiques pour les deux véhicules que nous comparons aujourd’hui et n’ont donc aucun impact sur le verdict final. C’est la raison pour laquelle ils ne sont pas pris en compte dans ce comparatif.
Et les assurances? On ne peut pas les ignorer dans ce comparatif, elles représentent un coût important, surtout pour l’i3 bien plus onéreuse.
Je n’ai pas pris en compte les assurances dans ce comparatif car celles-ci dépendent grandement de votre historique personnel en tant que conducteur. Et pour la différence de prime annuelle entre nos deux voitures du jour, liée principalement au prix neuf plus élevé de l’i3, sachez que bien des assurances proposent des réductions pour les véhicules hybrides et électriques. Les réductions vont même jusqu’à 30% pour certaines compagnies, rendant le coût de votre prime annuelle proche voir inférieure à une voiture essence d’une valeur bien plus basse.
Le verdict final
Sur un kilométrage de 30 000 km par an, cela nous donne après 4 ans d’utilisation en ayant revendu la voiture, un coût total de 35 261,28 euro pour la BMW 120i (734,61 euro par mois) et 33 295,28 euro pour la BMW i3 (693,65 euro par mois).
A mon propre étonnement, c’est donc l’outsider de ce test qui remporte de peu ce comparatif. Pour une voiture qui a encore l’image fausse d’un véhicule cher, nous venons de faire sauter ensemble un des mythes les plus tenaces de cette technologie. Avec un avantage de 1966,00 euro sur sa concurrente, l’i3 démontre que, dans ce comparatif, la voiture électrique avec ses frais d’utilisation plus faibles est la solution actuellement la plus intéressante financièrement parlant, et ce malgré un coût d’achat plus élevé et une valeur de revente inférieure. De plus, si votre région ou votre pays propose des aides à l’achat d’une voiture électrique, comme par exemple en Norvège où la TVA est simplement supprimée sur le prix vente, le coût de votre voiture diminue encore. Cependant tout cela à un prix, celui d’accepter les limitations inhérentes à cette technologie, comme par exemple une autonomie plus faible ou encore un temps de recharge plus conséquent.
J’espère que ce comparatif vous aura éclairé sur l’obscurantisme qui entoure trop souvent les voitures électriques et que vous aurez pris du plaisir à lire ces lignes. Comme d’habitude, n’hésitez pas à partager le site ou la page Facebook de moooving.be sur internet. Et surtout, n’oubliez pas de bouger !
Tableau récapitulatif
Résumé des coûts sur 4 ans et 120 000 km | |||
BMW i3 | BMW 120i | ||
Coût d’achat | 38 100,00 euro | 30 100,00 euro | |
Entretiens | 500,00 euro | 2 040,00 euro | |
Taxes | 430,84 euro | 4 133,80 euro | |
Réduction d’impôts | 0,00 euro | 0,00 euro | |
Energie ou carburant | 3 749,76 euro | 10 080,00 euro | |
Pneus | 1 014,68 euro | 907,48 euro | |
Valeur de revente | 10 500,00 euro | 12 000,00 euro | |
33 295,28 euro | 35 261,28 euro |
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