La fiche de secours
Aujourd’hui, je vais vous parler de la fiche de secours, ou pour résumer l’idée, comment une feuille de papier bien placée peut vous sauver la vie.
Depuis les années 80, le temps nécessaire aux services compétents pour désincarcérer une personne d’une voiture ne fait qu’augmenter. La faute bien évidemment aux différents éléments de sécurité toujours plus nombreux à bord des véhicules, mais aussi à la construction toujours plus solide des voitures modernes. Il ne faut pas non plus oublier que le matériel mis à disposition des services d’intervention évolue beaucoup moins vite que les voitures elles-mêmes, aggravant encore la situation. Or, tout secouriste vous le dira, dans un accident mettant en danger la vie d’une personne, chaque seconde compte, et passé une heure entre le moment de l’accident et la prise en charge opératoire du blessé, les chances de survie diminuent fortement.
C’est la raison pour laquelle, à la demande des organismes de sécurité, les constructeurs automobiles publient des fiches de secours indiquant où et comment intervenir sur une voiture. Cependant, les membres des services de secours ne peuvent pas connaître toutes ces fiches par cœur, et quand bien même ce serait le cas, une étude allemande révèle que près de 50% des identifications de véhicules accidentés par les secouristes se sont révélées erronées. Alors pour éviter cela et optimiser leur vitesse d’action, et en attendant que cette fiche devienne obligatoire à bord d’un véhicule dès sa sortie d’usine, il est conseillé au conducteur de l’ajouter lui-même à bord de sa voiture.
Mais à quoi ressemble cette fiche ?
C’est une feuille A4 qui reprend au format graphique les différents éléments importants pour les services de secours, tels que l’emplacement des renforts de carrosserie, du coupe-circuit, des batteries, des airbags, des rétracteurs de ceinture, des générateurs de gaz, etc. On retrouve donc sur cette fiche tous les éléments qui pourraient ralentir l’intervention des pompiers ou mettre en danger la vie des occupants de la voiture ou celle des membres des services de secours. Voici par exemple à quoi elle ressemble pour ma voiture (pas la plus simple des fiches, je vous le concède) :
La fiche permet donc aux pompiers de gagner de précieuses minutes en sachant exactement où attaquer la découpe d’une voiture sans prendre le moindre risque. Et rien que cela peut vous sauver la vie.
Mais alors où trouver cette fiche me direz-vous ?
Et bien sur le site du constructeur de votre voiture, mais comme elles sont souvent bien cachées, j’en ai rassemblé une petite liste non-exhaustive juste ci-dessous. Il vous suffit de cliquer sur la marque qui vous intéresse ou le lien « PDF » entre parenthèses (si celui-ci existe) pour avoir accès aux fiches de secours qui vous concernent :
Abarth, Audi (pdf), BMW, Cadillac, Chevrolet, Citroën, Dacia, Fiat, Ford (pdf), Honda, Hyundai (pdf), Infiniti, Jaguar, Kia, Land Rover, Lexus, Mazda, Mercedes, Misubishi (pdf), Nissan (pdf), Opel/Vauxhall, Peugeot, Porsche (pdf), Renault, Saab, SsangYong, Seat, Skoda (pdf), Smart, Subaru, Suzuki, Tesla, Toyota, Volkswagen (pdf), Volvo.
Bien que certaines fiches soient en français ou en anglais, la plupart restent en allemand car elles ont été initialement élaborées avec l’association allemande de l’industrie automobile. Ce n’est pas bien grave, le plus important étant que celles-ci reprennent les codes couleurs et les symboles standardisés (ISO). Si vous préférez l’avoir dans votre langue, n’hésitez pas à prendre contact avec votre concessionnaire qui se fera un plaisir de vous la fournir. Attention, il est important de choisir la fiche qui correspond exactement à votre voiture, j’entends par là de respecter la marque, le modèle, le moteur mais également l’année de conception. Car d’une année à l’autre des changements techniques peuvent avoir eu lieu sur un modèle sans pour autant que la voiture ne change d’apparence.
Bon d’accord, j’ai maintenant ma fiche à l’écran, j’en fais quoi ?
Il faut d’abord l’imprimer au format A4 et en couleur (la couleur est indispensable pour garantir une bonne interprétation des symboles). Ensuite, il faut placer cette feuille A4 pliée sous le pare-soleil du conducteur. Cet emplacement est facilement accessible par les services d’urgence même après un accident. D’ailleurs ADAC a réalisé 30 crash-tests avec une fiche installée derrière le pare-soleil, et celle-ci est toujours restée en place.
Ensuite, il reste une dernière étape un rien embêtante, surtout pour un maniaque comme moi. Elle consiste à appliquer un petit autocollant sur la vitre arrière du côté conducteur, pour indiquer au service d’intervention que votre véhicule est équipé d’une telle fiche. Je reconnais que cela est aussi embêtant qu’inesthétique surtout sous le format que l’on retrouve souvent sur internet.
Mais cette fiche est-elle bien connue des services de secours, ou est-ce que je fais tout ça pour rien ?
Pour le savoir, j’ai pris contact avec le CTIF, association internationale des services d’incendie et de secours, et j’ai pu échanger quelques mots avec le président de la commission « désincarcération et nouvelles technologies », à savoir le Major Tom Van Esbroeck des pompiers belges. Cela m’a permis de découvrir une association dont j’ignorais jusqu’ici l’existence et qui œuvre dans l’ombre au niveau mondial depuis plus de 100 ans pour la sécurité de tous.
D’après le président de la commission, la fiche de secours est bien connue de leur service, et il travaille actuellement à la rendre obligatoire à bord des voitures, mais sous une forme un peu différente que celle que je vous propose aujourd’hui. Pour ce faire, ils ont des contacts avec différents organismes comme Euro NCAP, ou encore les développeurs de la société eCall. Une chose est sure, bien que les fiches existent dans un format standard, l’affichage ou la disponibilité de celle-ci à bord des voitures est encore loin d’être standardisée.
L’idée de la fiche sous le pare-soleil et de l’autocollant sur la vitre latérale est à la base l’une des propositions du CTIF, tout comme l’idée d’un symbole spécifique sur la plaque d’immatriculation. Tout cela n’empêche pas le Major Van Esbroeck d’avoir une autre vision des choses. Selon lui, il faut que les secours soient au courant du véhicule sur lequel ils vont intervenir avant d’arriver sur le lieu de l’accident. Comment me direz-vous ? Avec par exemple le système eCall, mettant en contact un véhicule accidenté avec une centrale de dispatching permettant d’envoyer les secours. En plus de connaître la marque, le modèle et l’année de la voiture, les opérateurs du système eCall connaissent également la gravité de l’accident et peuvent déjà préparer les services de secours à l’intervention qu’ils vont devoir réaliser. Cependant, bien que cela soit déjà disponible sur certaines voitures (comme ma BMW i3), les services de secours ne sont pas encore forcément équipés pour recevoir toutes les informations depuis la centrale. C’est la raison pour laquelle, en attendant une standardisation et un cadre légale européen pour ce système ou un autre, je recommande d’imprimer soi-même la fiche de secours et de la placer à bord de sa voiture, car malheureusement, des accidents se produisent tous les jours … Rien qu’en Europe, un accident grave a lieu toutes les 4 minutes, soit deux accidents mettant en danger la vie des occupants rien que pendant que vous lisiez cet article.
Et les marques ne font rien pour cela ?
Si bien sûr, ils ont tout intérêt à proposer des solutions et éviter ainsi que leurs voitures deviennent de vraies prisons dans lesquelles les propriétaires meurent sans jamais pouvoir être secourus. Comme évoqué précédemment, ils proposent sur leur site internet des fiches de secours pour toutes leurs voitures disposant au minimum d’un airbag, mais d’autres vont encore plus loin. Mercedes a par exemple été le premier à proposer un code QR sur le bouchon du réservoir et sur le montant B opposé.
Un simple scanne de celui-ci avec votre téléphone ou votre tablette vous donnera accès instantanément à la fiche de secours de la voiture. Chez BMW, l’approche est différente, ils ont misé sur un système d’appel d’urgence intelligent qui se déclenche automatiquement lorsqu’un airbag se déploie. Un centre d’appel prendra dès lors contact avec vous directement dans la voiture, et ce, même si vous n’avez pas de GSM avec vous. Ils préviendront immédiatement les secours et les informeront sur l’accident avant même leur arrivée sur les lieux.
On peut donc dire que la sécurité des automobilistes préoccupe tout le monde, mais lorsqu’il s’agit s’accorder autour d’une même partition, cela devient un peu plus difficile. Heureusement, cela n’empêche pas la sécurité d’avancer et d’être au centre des priorités pour bien des acteurs.
Hummm, d’accord …
C’est donc ça la fameuse fiche de secours. Fiche qui, si vous prenez quelques minutes de votre temps, peut un jour vous sauver la vie, à vous ou à votre famille. Alors pourquoi s’en priver ? C’est certain qu’on pourrait sagement attendre que le CTIF et l’Europe achèvent leur(s) travail(s) de standardisation, ou encore que votre marque propose une solution complète et adaptée, mais personnellement quand il s’agit de ma vie ou de celle des personnes que j’aime, je n’apprécie guère d’attendre.
Merci d’avoir pris le temps de me lire, bonne route à tous et surtout soyez prudent.
Petit bonus pour les geek comme moi !
Je vous renvoie vers cette application mobile que le CTIF recommande également aux services de secours et qui est disponible sur les deux plus grands magasins d’application en ligne : iOS ou Android. Elle vous permettra de parcourir plus de 5000 fiches disponibles gratuitement mais également de scanner le code QR de votre voiture si celle-ci en est équipée. Amusez-vous bien 🙂
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Merci FAB pour ce sujet hautement utile !
Avec plaisir 😉